Un enfant livré à lui-même après l’interpellation de son père par la police à la Chaux-de-Fonds

COMMUNIQUE DE PRESSE – Un enfant livré à lui-même après l’interpellation de son père par la police à la Chaux-de-Fonds

C’est avec incompréhension que le POP neuchâtelois a appris qu’un enfant de 10 ans a été livré à lui-même au domicile de son père après l’interpellation de ce dernier par la police de la Chaux-de-Fonds dans l’après-midi du 08 mai 2018.

Monsieur X, ressortissant Seychellois, en Suisse depuis plus de 10 ans, père de 3 enfants de nationalité Suisse, est sous le coup d’une décision de renvoi depuis quelques années. Ne s’étant pas rendu au poste afin que la police procède à une arrestation concernant des impayés, deux agents sont venus à son domicile le 08 mai 2018 pour l’interpeller. Monsieur X était alors avec son fils dont il avait la garde jusqu’au lendemain, la mère étant en déplacement professionnel dans le Canton de Vaud durant deux jours.

Après une discussion en aparté entre les agents et le père, ce dernier n’a eu le temps que de donner quelques indications à son fils avant d’être embarqué en prison devant lui. Les policiers ne se sont aucunement préoccupés du sort réservé à l’enfant après leur départ. La mère, détentrice exclusive de l’autorité parentale n’a pas été mise au courant de la situation et ce n’est que quelques heures plus tard qu’elle a été informée par son fils en pleurs, seul et choqué par ce qu’il venait de vivre. L’enfant a ensuite dû sécuriser seul le domicile de son papa (éteindre les lumières, ranger la vaisselle, fermer les fenêtres et les portes, etc.). Monsieur X. devait également s’occuper de la demi-soeur de l’enfant pour la nuit, c’est en conséquence l’enfant qui a dû assumer cette responsabilité et aller chercher sa demi-soeur à la fin de sa leçon de danse pour la ramener auprès de sa mère, sous la pluie et en état de choc. Ce n’est qu’après avoir regagné le domicile maternel plusieurs heures plus tard que l’enfant a enfin pu appeler sa mère, étant donné qu’il ne possédait pas de téléphone portable et qu’aucun policier ne s’était préoccupé de lui demander qui appeler pour s’occuper de lui.

Il est inadmissible et inhumain que la police, ayant pour mission la résolution de problèmes en matière de sécurité et de médiation puisse faire fi de principe de base tel que la protection d’un enfant alors en état de stress. Il est incompréhensible qu’une faute si grave puisse avoir été commise par des agents censés pourvoir à la sécurité publique. Il est sincèrement à se demander si la formation de la police en matière de médiation et de suivi des procédures est réellement effectuée et surveillée.

Début 1997, la Suisse a ratifié la convention de l’ONU relative aux droits de l’enfant. Celle-ci souligne la responsabilité de l’Etat dans le domaine de la protection des mineurs et de l’assurance de leur bien-être et stipule notamment que l’enfant, en raison de son manque de maturité physique et intellectuelle, a besoin d’une protection spéciale et de soins spéciaux. Est-il possible alors que la police de proximité de la Chaux-de-Fonds suive des méthodes datant de plus de 20 ans où ne connaisse tout simplement pas le principe de droits et protection de l’enfant ?

Le POP attend dès lors des explications de la police et du Conseil d’Etat en tant qu’autorité de surveillance concernant ces méthodes et pratiques lors d’arrestations et interpellations, notamment de ressortissants étrangers, ainsi que le prise en charge des enfants et de l’entourage des prévenus lors de ces situations.

 

La Chaux-de-Fonds, le 09 mai 2018

 

Comité cantonal

Contact : Daniel Ziegler, président cantonal

Sarah Blum, vice-présidente

Julie Houriet Salomon, mère de l’enfant