Un accord scandaleux entre Swiss Medical Network et le Conseil d’Etat

Pour rappel, « Le 17 septembre 2021, le Tribunal administratif fédéral admettait le recours déposé par Swiss Medical Network à l’encontre de la planification hospitalière 2016-2022 du Canton de Neuchâtel. Suite à cette décision, Swiss Medical Network et le Conseil d’État s’étaient proposés d’examiner ensemble les meilleures suites à donner à cet arrêt dans l’intérêt de la population et de l’ensemble des parties. C’est chose faite avec l’accord qui vient d’être signé. »[1]

Alors que les établissements de santé privés du canton ne sont pas tenus d’appliquer les conditions de la CCT21 (convention massivement soutenue par le peuple en 2017), l’accord leur octroie un versement de 7 millions supplémentaires pour continuer à remplir les mandats actuels dans les domaines de l’orthopédie, de l’ophtalmologie, de la néphrologie et de l’urologie – des domaines chers qui rapportent énormément aux caisses de l’Etat. Cet accord ne fera donc qu’augmenter l’inégalité de traitement entre le service de santé public et les cliniques privées du canton.

Il est nécessaire de rappeler que les buts des services de santé privés et publics ne sont pas les mêmes : alors que le premier cherche avant tout à faire du profit, le second doit garantir un accès aux soins pour toute la population et quelques soient les pathologies physiques et mentales. L’hôpital public doit assurer également la formation des futurs soignant-e-s, ce dont les cliniques privées sont dispensées alors même que la pénurie de personnel devient de plus en plus problématique. Rappelons qu’en Suisse nous formons moins de la moitié des médecins dont nous avons besoin et l’ASI (Association Suisse des Infirmières) a calculé que jusqu’à 2030 il nous manquera entre 25 et 30’000 infirmières.

La pandémie de Covid nous a encore une fois prouvé que le système hospitalier public est le seul bouclier capable de protéger la société et, surtout ses membres les plus vulnérables.

Rappelons que pour accepter le recours du groupe Swiss Medical Network, les juges se reposent sur l’argument que ne pas avoir de convention collective de travail (CCT21) n’est pas une entrave à la qualité des soins prodigués par le groupe privé.

Cependant, nous savons que le respect et la reconnaissance participent pour beaucoup au bien-être et à la satisfaction au travail des soignant-e-s pour prodiguer des soins de qualité. La reconnaissance passe aussi par de bonnes conditions de travail, dont le salaire fait partie.


[1] Communiqué de presse de la Chancellerie d’État, 21.06.2022