Les libéraux à l’affût

Au Grand Conseil, la gauche réussit à faire adopter deux projets en faveur de l’interdiction des pesticides de synthèse dans le canton et du congé paternité des fonctionnaires élargi, de 5 à 20 jours.

Article d’Alain Bringolf – paru dans Gauchebdo le 31.01.2019

Nous continuons de penser, contre vents et marées, que la progression sociale est plus importante que la progression boursière. C’est par 66 voix conte 21 que le parlement a accepté une motion provenant des verts, qui demandaient que le canton légifère sur l’interdiction des pesticides de synthèse. Le Conseil d’Etat, toujours inféodé aux règles économiques, avait présenté un amendement, expliquant que des solutions alternatives existent. Mais le parlement l’a refusé. La députée écologiste Céline Vara a rappelé que 11’000 Neuchâtelois avaient signé l’initiative «Pour une Suisse libre de pesticides de synthèse». Chez les libéraux, la défense de la société marchande ne peut pas se développer avec des interdictions de l’Etat, même salutaires pour la santé des habitants. Le Conseil d’Etat doit maintenant s’exécuter pour présenter au parlement un projet de loi allant vers l’interdiction des pesticides. Congé paternité L’élargissement du congé paternité au sein de l’administration cantonale a été accepté par 67 voix contre 33. Cette proposition de la gauche permet au canton de combler son retard dans ce domaine et les papas auront droit à un congé de vingt jours. Comme dans le dossier précédent, les libéraux ont fait de la résistance, en proposant de limiter ce congé à dix jours. Leur amendement a été refusé, malgré le soutien du Conseil d’Etat. Dans L’Editorial, journal cantonal du PLR, on revient sur cette décision, qui passe mal face aux dogmes libéraux. «Un congé paternité pour les titulaires de la fonction publique, mais pas pour les PME!» Avec le titre de son article, Béatrice Haeny, présidente du groupe des députés PLR, précise la position classique de la pensée libérale. La libérale dit que ce projet ne représente pas ce qu’aurait souhaité son groupe et explique que les PME, représentées par son parti – à côté des grandes entreprises, ajoutons-nous – n’ont pas les moyens d’offrir à leurs employés une telle mesure. Elle explique aussi que les libéraux soutiennent le principe de cette mesure, mais qu’il aurait été «sage» d’attendre les résultats de la votation en provenance des Chambres fédérales, attelées à une proposition semblable, qui pourrait avoir lieu dans le courant de l’année 2019. En ce qui concerne la proposition d’une majorité du groupe, qui s’obstinait à vouloir réduire le nombre de jours de congé à dix, la rédactrice estime que ce chiffre se rapprochait de celui qui semble se dessiner au plan fédéral. Et de prétendre qu’«être plus généreux que le droit fédéral donne un mauvais exemple à l’extérieur de notre canton». Soulignons tout de même sa conclusion: «Etre minoritaire est l’apprentissage de l’humilité et de la persévérance». Une position très bien connue des députés du POP!