Le NON neuchâtelois à l’extension des autoroutes

L’alliance neuchâteloise contre les projets d’extensions autoroutières appelle à voter NON le 24 novembre à l’Arrêté fédéral sur l’étape d’aménagement 2023 des routes nationales. Elle s’oppose fermement à ces projets d’agrandissements routiers surdimensionnés. Cette large alliance est composée de l’ATE, de Pro Natura, du WWF, de Pro Velo, de la Citrap, d’Habitat durable, des Grands-parents pour le climat, d’Agissons et d’Uniterre, ainsi que du PSN, des Verts, des Vert’libéraux, du POP et de solidaritéS, soutenus par les Jeunes Verts, les Jeunes Vert’libéraux et la Jeunesse socialiste. Elle a présenté ses arguments ce matin à la presse.

Le président du POP, Julien Gressot a insisté: « Investir dans l’extension des autoroutes relève d’une vision dépassée et destructrice, En plus de sacrifier des terres agricoles précieuses, ce choix aggrave les inégalités sociales en détournant des fonds publics qui pourraient transformer les transports collectifs. Les ménages modestes, eux, paient le prix fort, coincés entre la hausse de l’immobilier et l’absence de solutions de mobilité durable. Pendant qu’on bétonne, la transition écologique attend toujours d’être financée. Il est temps de rompre avec ces politiques archaïques et de miser sur des solutions innovantes qui répondent aux défis d’aujourd’hui. Le futur ne se construira pas sur du goudron, mais sur une vision durable et équitable pour toutes et tous. »
Marc Fatton au nom de l’ATE-NE, regrette qu’à la veille de la COP 16 en Colombie, aucun pays n’ait atteint, selon les experts, les objectifs de la dernière COP de Paris. Faut-il rappeler qu’un tiers des émissions de gaz à effet de serre sont dues au trafic routier ? Penser globalement c’est agir localement ! Elargir les autoroutes, ne fera qu’aggraver la situation globale, et au niveau local, déplacer le problème des bouchons au niveau des villes.
En 2024, il n’est pas concevable d’investir encore dans le développement des routes, dénonce Mila Meury de solidaritéS. Le montant avancé de 5 milliards de francs correspond à celui des coupes que prévoit le Conseil fédéral dans les domaines des crèches, des caisses maladie, de l’environnement et de l’aide internationale. Dans le projet d’extension des autoroutes, les
coûts externes (accidents, pollution, santé) du trafic routier sont minimisés voire cachés par les autorités fédérales. Chaque année, ces coûts s’élèvent déjà à plus de 18,1 milliards de francs. Le bilan écologique pour ces constructions routières est également inacceptable. Les gaz à effet de serre et les nuisances pour la production de béton sont en effet gigantesques.
L’extension des autoroutes entraînera une grande perte de surface agricole, déplore Alberto Silva d’Uniterre. Rien que pour l’extension de l’autoroute Wankdorf-Schönbühl (BE), sur un tronçon de 5,7 km, 13,4 hectares de terrain seront bétonnés soit l’équivalent de 19 terrains de football. Il s’agit notamment de 3,7 hectares de surface d’assolement ainsi que l’abattage de
tous les arbres sur 3,5 ha de forêt. La meilleure façon de défendre les terres agricoles est de s’opposer à la bétonisation toujours plus grande de nos paysages. Rien de ne permet de compenser les pertes de ces précieuses terres, indispensables à notre sécurité alimentaire. Il en appelle donc à toutes les organisations paysannes de s’opposer à ces projets d’extension des autoroutes.
Pour Zoé Nater de la Jeunesse socialiste, ces élargissements vont à l’encontre des défis rencontrés par leur génération. Une des grandes problématiques est la question du bruit, et augmenter le trafic routier c’est forcément une hausse des nuisances sonores néfastes pour la population, il en est de même pour la pollution de l’air. On connait l’impact de la mobilité individuelle motorisée sur les émissions de gaz à effet de serre et sur la diffusion de particules fines. Au lieu d’investir des milliards pour un projet de mobilité d’autrefois, il vaudrait mieux mener des efforts pour développer les transports publics…et la mobilité douce.

L’élargissement est une onéreuse fuite en avant, qui ne mène qu’à un accroissement de la capacité de stockage de véhicules sur les autoroutes, et ne résout en rien les goulets d’étranglement en sortie, relève le vert’libéral Maxime Auchlin. Cela crée une demande induite, qui ne fait qu’accroître le trafic motorisé individuel et génère d’autant plus de bouchons. Exemple parlant au Texas : l’autoroute Katy Freeway, la plus large des Etats-Unis avec ses 26 voies, est systématiquement congestionnées aux heures de pointe. La route devrait rester disponible pour celles et ceux qui n’ont pas d’autre alternative. Pour les autres : les transports publics qui doivent être développés encore plus, et dont le prix doit rester contenu.
Par ailleurs, l’usure des pneus sur les routes génère 93% des microplastiques présents dans l’environnement suisse. Ils sont cancérigènes et menacent l’environnement, ajoute encore Mme Dorota Retelska, de Greenpeace. Plus d’autoroutes, c’est plus de trafic, plus de pollution et de bruit, et moins de terres agricoles et de nature. Le tronçon entre Nyon (VD) et Le Vengeron (GE) est symptomatique du débat parlementaire et de l’absence de vision du paquet selon Fabien Fivaz (Les Vert-e-s). Il a été ajouté à la hâte, par peur du référendum, pour rallier les romand-e-s au projet. Les 19 km d’élargissement coûteront un milliard et généreront une augmentation de presque 50% du trafic sur ce tronçon (+40’000 véhicules par jour). Les agglomérations seront submergées. Au passage, 3,2 hectares de terres agricoles et 2 ha de forêts seront détruits. Cerise sur le gâteau : le projet pourrait empêcher le doublement de l’axe ferroviaire entre Genève et Lausanne.