Communiqué de presse du 2 juillet 2024 Une large alliance référendaire a lancé la campagne contre la réforme du 2e pilier soumise au peuple le 22 septembre. Le comité met en garde contre des coupes dans les rentes et des prélèvements salariaux en hausse, et s’engage donc pour un non à la réforme de la LPP mise en votation le 22 septembre. Car les travailleuses et travailleurs versent déjà des cotisations toujours plus élevées à leur caisse de pensions, alors même que leurs rentes diminuent. Même les caisses de pensions admettent qu’elles se portent bien et possèdent des réserves substantielles. Pendant ce temps, toujours plus de milliards sont prélevés par l’industrie financière. La réforme proposée est infondée et doit être rejetée. Le POP s’y oppose fermement. L’Office fédéral des assurances sociales (OFAS) n’est pas en mesure de chiffrer précisément les conséquences qu’aura la réforme et préfère renvoyer les citoyennes et citoyens aux caisses de pensions. Or les syndicats, qui siègent dans ces caisses, en connaissent les effets concrets, notamment dans les arts et métiers, dans l’hôtellerie-restauration, dans la construction et dans bien d’autres branches à salaires bas et moyens. Pour les boulangères comme pour les horticulteurs, pour les mécaniciennes automobiles ou les vendeurs de chaussures, le projet sera dévastateur. Par exemple, les cotisations salariales des coiffeuses et des esthéticiennes seraient réhaussées de 3 %. Et pourtant, 80 % des plus de 50 ans dans ces professions obtiendraient au final une rente plus basse que sans la réforme. Le compte n’y est pas, surtout dans la catégorie des bas revenus.Toujours moins de rente. Les personnes qui partent aujourd’hui à la retraite reçoivent en moyenne de leur caisse de pensions une rente plus basse que celles ayant quitté la vie active il y a quinze ans. Alors même que les cotisations à la prévoyance professionnelle sont en hausse. En effet, les caisses de pensions ont déjà fortement abaissé leurs taux de conversion, et donc le même avoir en capital donne droit à des rentes toujours moins élevées. La phase des taux d’intérêt très bas est pourtant révolue, les caisses de pensions jouissent d’une excellente santé financière, leurs réserves sont bien dotées et selon les propres dires de la Commission de haute surveillance de la prévoyance professionnelle, la redistribution des actifs et actives vers les retraité-e-s a cessé il y a trois ans déjà.Il faut par conséquent en finir avec les baisses des rentes du 2e pilier. Or la réforme de la LPP, au contraire, encourage cette évolution désastreuse, en réduisant encore le taux de conversion. Les baisses de rentes iront jusqu’à 3200 francs par an. En parallèle, la réforme revoit à la hausse les déductions salariales obligatoires. Il en coûtera jusqu’à 2400 francs de plus par an aux salarié-e-s. Autrement dit : les salaires nets baisseraient et les rentes diminueraient encore.Un emballage trompeur pour les femmes. Cette réforme est contre-productive pour les femmes. Il leur faudra payer encore plus à l’avenir. Et l’écart de rente en leur défaveur dans le 2e pilier persistera, puisque la réforme ne prévoit aucune compensation des inconvénients liés aux interruptions de carrière, ni à la répartition inégale du travail rémunéré entre hommes et femmes.Les frais de gestion absorbent toujours plus d’argent. Aujourd’hui déjà les banques, les gestionnaires et les expert-e-s facturent pour leurs services plus de sept milliards de francs par an aux caisses de pensions. À eux seuls, les frais de gestion de fortune ont doublé en dix ans. Le présent projet n’y change rien, loin de là : la mentalité de self-service de l’industrie financière pourra perdurer. La réforme bâclée du Parlement conduira aussi à un surcroît de bureaucratie et à des décisions arbitraires en matière de rentes, dont les caisses de pensions se plaignent déjà.L’heure est à la compensation du renchérissement. Pour les personnes déjà à la retraite, en particulier celles issues des branches à bas salaires, cette réforme ne résout pas le problème le plus brûlant qu’est la compensation du renchérissement. Depuis des années, tous les prix augmentent tandis que le montant des retraites du 2e pilier reste inchangé. Les bénéficiaires de rentes doivent ainsi se serrer la ceinture : ces trois dernières années, les rentes LPP ont perdu plus de 5 % de leur pouvoir d’achat – soit près de 100 francs par mois pour une rente moyenne. Alors que le Parlement promet depuis des décennies de régler le problème, cette réforme n’y change rien, et donc les rentes en cours vont continuer de se déprécier.Lors de la conférence de presse de lancement, Pierre-Yves Maillard, président de l’USS, affirme que « cette réforme est malvenue, car les caisses de pension se portent très bien ». Pour la présidente d’Unia Vania Alleva, la réforme serait une catastrophe pour les gens qui travaillent : « ce projet qui nous demande de payer plus pour recevoir moins est une arnaque ». Le président de Travail.Suisse, Adrian Wüthrich, rappelle que tout le monde est concerné, y compris dans la prévoyance professionnelle surobligatoire : « les caisses de pension auront encore plus de marge pour baisser leurs taux de conversion ». Enfin, Gabriela Medici, responsable des assurances sociales à l’USS, tire une conclusion sans appel : « Les mesures de compensation prévues par le Parlement auront des conséquences négatives pour les assuré-e-s : baisses de rentes, arbitraire et bureaucratie ». Plus d’infos sur arnaque-lpp.ch Mais aussi l’entretien dans le journal du SSP (pages 6 et 7) avec Pietro Boschetti qui a écrit L’Affaire du siècle, le 2e pilier et les assureurs La création du 2e pilier fait l’objet d’un documentaire très pertinent de Pietro Boschetti, Le Protokoll (2022) |