La dérive néolibérale est complète dans le canton

Publié le 23 mai 2019 par Alain Bringolf dans Gauchebdo

La dérive néolibérale est complète dans le canton

Commentant les résultats des votations, ArcInfo titre «Ouf de soulagement neuchâtelois après le oui au projet fiscalité – AVS». Laurent Kurth, responsable des finances, est lui aussi heureux des résultats des scrutins fédéraux, largement soutenus dans le canton avec plus de 70% de oui. Cette décision permettra au canton la mise en œuvre notamment de la réforme fiscale et de la nouvelle péréquation que le Grand conseil vient d’adopter contre les voix de députés PopVertsSol. Il y voit un renforcement de la ligne politique (au service des plus riches) et se montre très satisfait que Neuchâtel soit en avance sur Genève.

Curieusement, dans le même numéro un article est intitulé «Le mal neuchâtelois est-il une fatalité?». Le texte souligne que le canton souffre alors que son économie pète le feu. Neuchâtel possède un PIB qui se trouve être le deuxième de Suisse romande alors que les finances de l’Etat mettent le canton dans l’une des dernières places des classements. Dans une telle situation, il est habituel de donner la parole à un expert. En l’occurrence, il s’agit d’Olivier Crevoisier, professeur d’économie territoriale à l’université de Neuchâtel.

Pour lui, le mal provient de l’explosion de la mobilité, car un grand nombre de dépenses qui stimulent l’économie ne sont plus systématiquement effectuées sur le territoire où se trouvent les emplois. La solution serait de favoriser une économie de la présence par des commerces et des événements attirant un grand nombre de personnes. Pour l’expert, il s’agit de stimuler l’économie liée à la dépense.

Pas question de s’interroger sur les autres raisons d’une telle dérive. Pourquoi? Un début de réponse se trouve dans les propos de Bernard Maris écrit en 2003 dans un petit livre à lire avec délectation, Lettre ouverte aux gourous de l’économie qui nous prennent pour des imbéciles. Dans le chapitre consacré aux experts, il dit: «l’expert n’est là que pour justifier celui qui le paye. Seul le falsificateur et l’ignorant, pour des raisons différentes, ont besoin de l’expert». L’économie au-dessus de tout, le capitalisme comme seul modèle, ouf de soulagement!