Hommage à Quintino de Barros

Un vieil ami, un fidèle camarade nous a quittés. Quintino Barbosa de Barrosn a succombé au Corona-19 le 17 avril dernier. Né le 15 mai 1932 à Lisbonne, il aurait eu 88 ans. Il laisse son épouse Maria Isabel, cinq enfants, 15 petits-enfants et 3 arrière-petits-enfants.

Quintino a accompli sa formation à la Faculté de médecine de Lisbonne en 1957. En 1959, il passe le concours interne comme médecin généraliste à l’Hôpital de Sta. Marta. En 1962, menacé d’une peine de prison pour avoir refusé d’être envoyé en Angola, il saisit l’occasion d’un congrès de diabétologie à Paris pour fuir la dictature.

De Paris, il se rend au Maroc puis à Alger, où il exerce sa profession de 1963 à 1964 à l’hôpital Mustafa.

En 1964, il se rend en Suisse, à Neuchâtel, où il travaille pendant un an, puis à  La Chaux-de-Fonds, où il  passe sa spécialité en médecine interne.

En 1972, il est appelé à Genève mais préfère rester à La Chaux-de-Fonds, où il travaille à temps partiel à l’hôpital et ouvre son propre cabinet.

Quintino a toujours eu beaucoup de patients, tant suisses que des différentes communautés étrangères. Mais il était surtout un cadeau du ciel pour la jeune communauté portugaise des années 70 et 80 : un médecin portugais à La Chaux-de-Fonds, avec lequel on pouvait parler la même langue.

Quintino a toujours eu un engagement social fort. Non seulement il est rapidement devenu un confident et un point d’appui pour ses compatriotes, de plus son cabinet était ouvert le samedi, une aubaine pour les Portugais saisonniers, qui travaillaient souvent loin de leur domicile.

Il a toujours aidé ses patients, renonçant souvent à facturer la consultation, surtout aux épouses et aux enfants des saisonniers, qui vivaient clandestinement, sans droit de séjour et donc sans caisse maladie.

En 1999 il prend sa retraite bien méritée, mais demeure une référence tant professionnelle que morale pour ses nombreux anciens patients.

Ses grandes qualités humaines ainsi que son altruisme font de lui un exemple. Homme de gauche, dévoué aux autres, ouvert sur le monde, il aimait échanger ses idées avec ses ami-es ou ses camarades, en de longues conversations sur les problèmes et inégalités de ce monde. Quintino aimait aussi écrire, Il a publié deux livres, l’un d’eux sur l’euro et l’économie marxiste. Sa dernière recherche portait sur le coronavirus qui allait l’emporter et s’intitule « Réflexions sur la pandémie en cours ».

Quintino de Barros est une figure importante de la Communauté portugaise et de l’Histoire de la Ville de La Chaux-de-Fonds.

En 2018, le Président de la République portugaise, Marcelo Rebelo de Sousa, lui a décerné la décoration de l’Ordre du Mérite, à l’occasion de la fête nationale. Cette décoration lui a été remise à La Chaux-de-Fonds par l’Ambassadeur du Portugal en Suisse, le 7 novembre 2018, en présence de sa famille et d’une cinquantaine d’amis proches et de camarades, ainsi que des autorités communales de la ville de La Chaux-de-Fonds, qui lui ont aussi rendu hommage.

A La Chaux-de-Fonds, il participait assidûment au groupe « Réflexion » organisé par le POP/PST. Membre de l’Association Suisse/Cuba, il a participé plusieurs fois à des voyages culturels et humanitaires.

Pour Quintino, il était impensable de ne pas être présent chaque année aux célébrations du 25 avril au Portugal ou à la Fêté de l’Avante, l’organe du PCP. Il l’a toujours fait jusqu’en 2018.

En mai de 2019, les Camarades de l’organisation du PCP en Suisse ont aussi voulu lui rendre hommage lors de la Fête Nationale à Orbe, par la personne du Secrétaire général du PCP, Jerónimo de Sousa, ce qui l’a beaucoup touché.

Son amitié fidèle et inconditionnelle va beaucoup nous manquer, tout comme sa compréhension et l’écoute des autres, une qualité naturelle chez Quintino.

Enfin, ne peut remémorer Quintino sans rendre hommage à son épouse Maria Isabel, médecin elle aussi, qui a renoncé à sa carrière pour être sa compagne, la mère de ses enfants, sa secrétaire et son amie pendant plus de 60 ans, toujours à ses côtés jusqu’à son lit de mort.  Comme le dit le dicton, « Sur le chemin d’un grand homme, il y a toujours une grande femme ».

                                                                                  Maria Belo et Daniel Ziegler