Voilà bien des années que l’école est devenue une variable d’ajustement budgétaire dans de très nombreux cantons dont celui de Neuchâtel, réduits, dans leur folle course aux baisses d’impôts, à diminuer les coûts des services publics. Cela s’est traduit, notamment, par l’augmentation des effectifs des classes, par la fermeture de classes spéciales, par l’introduction de réformes à moindres coûts comme l’intégration à bas prix d’élèves à besoins particuliers, par une surcharge croissante du personnel enseignant, par des blocages, voire des réductions salariales et de la prévoyance vieillesse.
Survient la crise du Coronavirus et, avec elle, une couche supplémentaire de difficultés. Le confinement du printemps 2020 a dramatiquement accentué les inégalités sociales entre les élèves. Bon nombre parmi les plus défavorisés d’entre eux ont décroché parce qu’ils n’avaient pas le cadre matériel pour suivre l’enseignement à distance, d’autres parce qu’ils ne bénéficiaient pas d’un encadrement suffisant au sein de leur famille. Les cantons ont certes pris des mesures pour garantir malgré tout la réussite de l’année scolaire à un certain nombre d’entre eux, mais le problème n’en a été que reporté d’une année, les manques et les mauvaises habitudes prises n’ayant pu être qu’imparfaitement corrigés par les quelques moyens de rattrapage mis à disposition.
La crise a également montré qu’il restait de nombreux progrès à faire pour protéger efficacement les apprenti-e-s sur le lieu de travail. Une récente étude d’UNIA révèle d’ailleurs que près d’un tiers des apprenti-e-s est confronté au harcèlement sur le lieu de travail durant la formation. L’Etat doit dès lors prendre ses responsabilités et édicter des lois pour protéger au mieux celles et ceux qui optent pour la voie duale. C’est un combat qui tient à cœur au POP et aux jeunes POP qui ont déjà lancé pétitions, interpellations et motions pour les droits des apprenti-e-s.
Pour les enseignant-e-s, la période d’enseignement à distance a également été une épreuve révélatrice. Certains, il ne faut pas se le cacher, déjà démotivés par l’aggravation régulière de leurs conditions de travail, ont eux aussi lâché prise, mais la plupart d’entre eux ont fourni un effort supplémentaire remarquable. Nombreux ont été ceux qui ont dû s’équiper à leurs propres frais de matériel informatique idoine ; le temps de préparation a été multiplié, que ce soit pour la mise par écrit et en ligne des cours, pour la création de capsules vidéo, pour les corrections écrites individualisées, etc. Le suivi individuel des élèves et les relations aux parents, par mail, par sms ou par téléphone, le maintien des réseaux pour les élèves à besoins particuliers, ont nécessité des efforts et du temps supplémentaire. On relève à juste titre le mérite exceptionnel du personnel soignant durant cette épreuve ; on oublie quelque peu celui d’autres professions, dont celle d’enseignant. Et s’il est une leçon à retenir dans ce domaine, c’est que l’enseignement à distance ne peut être une solution, qu’il ne fait qu’aggraver les problèmes causés par des années d’austérité imposée à l’école et que le coût pédagogique et social de cette crise continuera à se faire sentir longtemps encore, à moins que les responsables politiques n’en tirent rapidement les leçons qui s’imposent.
Pour le POP, une formation de qualité et gratuite est un droit qui doit être garanti jusqu’à la majorité au moins des habitant-e-s de ce canton. C’est à cette condition que l’on pourra réduire les inégalités sociales et lutter contre la précarisation. Une bonne formation réduit en effet les risques de se retrouver tributaire de l’aide sociale un jour ou l’autre de sa vie.
Propositions
Concrètement, nous demandons :
- Une diminution des effectifs de classe à l’école obligatoire ;
- Davantage d’appuis, tous niveaux confondus, pour les élèves en difficulté ;
- La mise en place de devoirs surveillés à l’école obligatoire pour contrecarrer les inégalités sociales ;
- Un meilleur encadrement des élèves à besoins pédagogiques particuliers et une diminution adéquate des effectifs de classes qui les accueillent ;
- Un indice social pour le subventionnement cantonal des classes à l’école obligatoire ;
- Une diminution adéquate de l’indice horaire des enseignants au pro rata des réseaux psycho-pédagogiques qu’ils doivent gérer ;
- Une revalorisation salariale des enseignants des niveaux primaires ;
- Une formation garantie et gratuite jusqu’à 18 ans ;
- Davantage de moyens pour lutter contre le harcèlement scolaire et le harcèlement sexuel dans les écoles obligatoires, post-obligatoires et dans les Universités et Hautes écoles du canton ;
- Plus de droits pour les apprenti-e-s et une meilleure protection de ceux-ci et celles-ci ;
- Une formation professionnelle attentive au respect de l’environnement ;
- Une formation qui ne serve pas en premier lieu des intérêts économiques et qui contribue à l’épanouissement et la formation de la personnalité des citoyen-ne-s en devenir.