Le Grand Conseil s’est penché sur deux dossiers majeurs mardi 3 septembre: il a approuvé à une courte majorité la réintroduction des apparentements lors des élections au Conseil des Etats et la LEAC (Loi sur l’encouragement des activités culturelles et artistiques), à une écrasante majorité.
Concernant la réintroduction des apparentements, les propos clairs de Sarah Blum, cheffe du groupe VertPOP.
« C’est avec satisfaction que notre groupe voit ce rapport sur les apparentements au Conseil des Etats enfin arriver dans notre hémicycle. S’il était en effet probablement plus sage de ne pas changer le mode d’élection quelques mois avant les élections fédérales, nous persistons à penser que le mode d’élection au Conseil des Etats n’a pas été suffisamment abordé par la commission réforme des institutions en 2017. Le mode d’élection actuel est ainsi problématique car il engendre des quorums naturels trop élevés, quorums qui sont probablement contraires au droit constitutionnel. Ce problème peut facilement être contourné en réintroduisant les apparentements à l’élection au Conseil des Etats, c’est pourquoi les député.e.s du POP et du Centre ont déposé ce projet de loi fin 2022. Comme nous l’avons toujours dit, nous sommes en effet convaincus que les élections à la proportionnelle avec apparentements évitent de nombreux écueils. »
« Cela permet entre autres de limiter le nombre de « votes utiles » et d’améliorer ainsi le nombre de votes sincères et de facto la représentativité et la diversité du corps électoral. Une partie de la population craint en effet de « gaspiller » sa voix en l’attribuant à un « petit » parti. La réintroduction des apparentements permettra alors de limiter ce phénomène étant donné que les voix pour les petits partis contribueront pleinement à la répartition des sièges. »
« La voix des candidates et des candidats des petits partis sera ainsi probablement également mieux prise en compte lors des campagnes ce qui permettra d’élargir la pluralité des candidatures et des opinions et ce qui constitue sans nul doute un gain démocratique. La réintroduction des apparentements pour l’élection au Conseil des Etats induira de fait une plus grande harmonie avec celle pour le Conseil national. Si certains aspects sont appelés à rester différents, une plus grande similarité et cohérence entre les deux modes d’élections faciliteront la tâche au corps électoral. »
Comme le rapport de la commission le mentionne, a aussi été abordé la question du mode d’élection à la majoritaire. Un tel changement impliquerait une modification de la Constitution et donc une décision du souverain, ce n’est donc pas encore à l’ordre du jour. Nous réaffirmons tout de même notre attachement au système de l’élection à la proportionnelle qui favorise davantage les partis et les idées plutôt que les personnalités.
Le canton de Neuchâtel tient sa loi sur l’encouragement des activités culturelles et artistiques!
Les arguments du député popiste Julien Gressot pour le groupe VertPOP.
« La culture est l’âme de notre société. Elle est ce qui nous relie, ce qui raconte notre histoire commune et ce qui, surtout, façonne notre avenir. Pourtant, trop souvent, elle est reléguée au second plan, comme nous l’avons tristement constaté durant la pandémie, où elle fut jugée « non essentielle ». Cet épisode a révélé les lacunes profondes de notre soutien à ce secteur. »
« Aujourd’hui, nous discutons enfin de la Loi sur l’encouragement aux activités culturelles. Une loi que nous attendions depuis longtemps. Il est vrai qu’elle constitue un jalon important pour le monde culturel neuchâtelois. Mais après tant d’années, nous devons dire que nous restons sur notre faim malgré un certain nombre d’améliorations que nous saluons, en particulier dans le domaine de la protection des conditions de travail des actrices et acteurs culturels, l’inclusivité et les volontés affichées. Oui, cette Loi représente un pas dans la bonne direction, mais il reste beaucoup à faire pour être à la hauteur des enjeux. Je me concentrerai ici sur les trois aspects qui nous paraissent centraux. »
« Premièrement, la loi reconnaît l’importance de l’accès à la culture pour toutes et tous. Mais cet accès reste inégal. Nous craignons qu’elle ne se concentre trop sur une culture déjà institutionnalisée, celle des grandes structures, des musées, des théâtres, et des institutions qui, bien qu’importants, ne représentent qu’une partie de l’écosystème culturel. Qu’en est-il des artistes indépendants, des associations locales, des lieux alternatifs qui peinent à survivre ? Une politique culturelle forte doit inclure et valoriser toutes les formes d’expression culturelle, y compris celles qui émergent des marges et qui enrichissent notre diversité sociale et artistique. Nous avons déposé un amendement allant dans ce sens. »
« Deuxièmement, cette loi intègre la médiation culturelle. C’est un point positif, mais qui nous paraît insuffisant. Il faut aller plus loin, avec un véritable plan d’action qui fixe des objectifs clairs et mesurables pour garantir que la culture touche réellement toutes les couches de notre société. Pour cette raison nous avons déposé une motion qui a été reprise par la commission. La médiation culturelle doit être un outil pour réduire les inégalités sociales et géographiques dans l’accès à la culture, pour permettre aux personnes qui ne se sentent pas concernées, qui n’ont pas les codes ou les moyens, de s’approprier enfin l’offre culturelle. Une politique culturelle inclusive n’est pas seulement une question de justice sociale. Elle est aussi un levier pour renforcer notre cohésion, stimuler l’intégration, et favoriser une citoyenneté active et engagée. »
Troisièmement et surtout, ce qui nous préoccupe, c’est l’absence de moyens financiers adéquats malgré une augmentation timorée mais tout de même bienvenue. Une loi-cadre est certes nécessaire, mais sans ressources suffisantes, elle risque de demeurer lettre morte. Aujourd’hui, la culture repose énormément sur la Loterie romande et les communes, tandis que le soutien étatique demeure subsidiaire. Pourquoi traiter séparément la question financière et la loi-cadre, alors que les deux sont indissociables ? Sans engagement financier clair et conséquent, cette loi ne pourra pas atteindre ses objectifs. À cet égard, le fait que ses questions soient traitées par deux commissions différentes nous laissent pantois et est à nos yeux problématiques pour avoir une vision d’ensemble. Le financement de la culture est un investissement et non une dépense. La culture crée de la richesse, non seulement économique mais aussi sociale et humaine. Elle favorise le tourisme, renforce le lien social, stimule l’innovation et l’esprit critique. Investir dans la culture, c’est investir dans notre futur. Ignorer cette réalité, c’est se priver d’un formidable levier de développement pour notre canton.
En conclusion, nous soutiendrons cette loi, mais sans illusion. Nous saluons les efforts entrepris depuis de nombreuses années par le Service de la culture et par le Département, mais considérons que la culture mérite mieux et que cette Loi-cadre ne constitue qu’un premier pas. La culture mérite un engagement clair, des moyens suffisants, et une vision ambitieuse. Nous resterons vigilants pour que cette loi ne soit pas qu’un effet d’annonce, mais devienne un véritable levier pour une culture réellement accessible à toutes et tous.