5794 signatures pour une meilleure protection des apprenti·e·s

L’initiative populaire cantonale « Plus de protection pour les apprenti·e·s » a été déposée mardi 7 mars avec 5794 signatures (4500 requises). Lancée en septembre 2022 par un comité unitaire composé des Jeunes POP, du POP, de l’USCN, du SSP, d’Unia, des Vert·e·s, des Jeunes Vert·e·s, du PS, de la Jeunesse socialiste ainsi que de la Grève pour l’Avenir, elle résultait des refus du Parlement à majorité de droite de la pétition et de la motion des Jeunes POP sur le même sujet.


L’objectif de l’initiative est d’assurer aux apprenti·e·s le respect de leurs droits durant leur formation et un soutien en cas de problèmes à travers plusieurs mesures. Il s’agit premièrement d’améliorer la protection des apprenti·e·s dans les entreprises, d’une part en augmentant le nombre de conseillers et conseillères en formation professionnel·le·s et, d’autre part, en instaurant des contrôles réguliers et non annoncés sur les lieux d’apprentissage par une commission composée de l’État, des syndicats et des associations patronales. L’apprenti·e aura ainsi l’occasion de rencontrer plusieurs fois les personnes qui peuvent l’aider en cas de problème. Deuxièmement, l’initiative demande la mise en place d’une formation pour les apprenti·e·s sur leurs droits, le fonctionnement du partenariat social en Suisse et le rôle des syndicats, ainsi qu’une sensibilisation des formateurs et formatrices en entreprise aux problématiques des apprenti·e·s, particulièrement le harcèlement et les violences physiques et psychologiques.
Des enquêtes avaient déjà révélé que les apprenti·e·s rencontrent de nombreux problèmes durant leur formation. Un sondage d’Unia de 2019 indiquait ainsi que 33% des apprenti·e·s interrogé·e·s avaient déjà subi du harcèlement sexuel sur leur lieu d’apprentissage. Récemment, l’OFS annonçait que 22% des apprentissages se terminaient par des ruptures de contrat en Suisse, et que ce chiffre atteignait 33% à Neuchâtel.
Lors de la récolte de signatures, de nombreuses personnes ont également témoigné des difficultés vécues durant leur apprentissage, telles que des heures supplémentaires dépassant le cadre légal, du mobbing voire des violences ainsi qu’une pression permanente pour accroître la productivité au détriment de la formation et de la santé. La peur de perdre sa place ou de subir des représailles empêche cependant de nombreuses personnes de chercher de l’aide ou même de témoigner ouvertement, notamment dans un contexte d’intensification de la dualisation. Afin de mettre en avant le vécu des apprenti·e·s, un sondage anonyme en ligne sera d’ailleurs prochainement lancé par le comité.
La formation duale est privilégiée depuis plusieurs années par le Canton de Neuchâtel et n’est pas remise en cause par cette initiative. Même si une bonne partie des parcours de formation se passe sans encombre, il existe encore bien trop de problèmes auxquels sont confronté·e·s les apprenti·e·s qui n’ont souvent pas les outils pour y faire face. Il est de la responsabilité de l’État de s’assurer que les droits des apprenti·e·s soient respectés sur leur lieu de formation.