C’est presque trois fois plus que ce qui était requis : la large alliance contre la réforme prévue du 2e pilier (LPP 21) a récolté pas moins de 141 726 signatures et a déposé son référendum aujourd’hui à Berne, envoyant un puissant signal. En plus des syndicats, du PoP, du PS et des Vert-e-s, des magazines politiquement indépendants de défense des consommatrices et consommateurs ont eux aussi contribué à la récolte contre les baisses de rentes. Payer plus pour des rentes plus basses, ça ne vaut pas la peine pour les assuré-e-s. C’est pourquoi il est important de voter NON à LPP 21.
La réforme aboutirait à de nouvelles baisses de rentes, pouvant atteindre 3240 francs par an, a rappelé l’alliance mardi. Alors même qu’à l’heure actuelle, l’inflation engloutit déjà l’équivalent d’une rente mensuelle. Et qu’au cours des dix dernières années, le 2e pilier s’est dégradé de façon catastrophique pour les travailleuses et travailleurs. Les taux de conversion et les rentes ont beau diminuer depuis plusieurs années, la réforme adoptée par le Parlement ne tient aucun compte de ces développements. De même, elle ignore complétement le revirement des taux d’intérêt et l’inflation galopante. Il est aberrant de continuer de réduire les rentes alors même que les taux d’intérêt sont repartis à la hausse. Or c’est précisément ce que le Parlement a décidé de faire, quitte à ce que les rentes diminuent encore de 15 % dans certains cas. Après AVS 21, cette réforme pénaliserait davantage encore les femmes. Car cette même génération obligée de travailler plus longtemps devrait en plus payer jusqu’à la fin de son activité professionnelle des cotisations plus élevées – donc toucher moins de salaire net – pour recevoir moins de rente, ou, au mieux, le même montant. Autrement dit : les femmes passeraient une deuxième fois à la caisse. Enfin, la réforme est un échec sur le plan technique, car elle rend le 2e pilier plus opaque, plus coûteux et finalement assez arbitraire. La confiance qu’inspire la prévoyance professionnelle risque bien de s’éroder encore un peu plus.
Au moment de la remise des signatures, le président de l’USS Pierre-Yves Maillard a déclaré : « Le grand nombre de signatures montre que les gens en ont assez qu’on s’en prenne aux retraites. La réforme prévue entraînerait une importante baisse des rentes. » De son côté, la co-présidente du PS Mattea Meyer a souligné que « le compte n’y est pas. Ni pour les jeunes, ni pour les personnes âgées, et encore moins pour les femmes : payer plus pour des rentes plus basses est une mauvaise proposition, c’est pourquoi nous rejetons clairement cette réforme ». Pour Vania Alleva, présidente d’Unia, il y a encore une autre injustice : « C’est précisément pour les bas salaires que les coûts augmenteraient le plus, parfois sans amélioration des rentes. Avec ce projet, l’argent de l’employée de la restauration ou de l’aide-soignante passera directement dans les poches des financiers qui se frotteront les mains face aux milliards de bénéfices qu’ils pourront réaliser dans le 2e pilier ! ». Katharina Prelicz-Huber, présidente du SSP et conseillère nationale Verte, a évoqué la question des coûts : « Cette réforme ne profitera qu’au monde de la finance. Aujourd’hui déjà, les banques et les assurances prélèvent chaque année 7 milliards de francs sur l’épargne des travailleuses et travailleurs. » Adrian Wüthrich, président de Travail.Suisse, se montre optimiste : « Cette réforme coûteuse et déséquilibrée entraîne des baisses de salaires et de rentes. C’est pourquoi Travail.Suisse est confiant que la population n’acceptera pas ce nouveau démantèlement des retraites. »