Publié le 27 septembre 2018 par Alain Bringolf dans Gauchebdo
Le 14 août, les syndicats d’enseignants (SAEN), le Syndicat des services publics – région Neuchâtel (SSP-RN) et la Fédération des associations de parents d’élèves Neuchâtel (FAPEN) ont lancé une initiative demandant d’ancrer de nouveaux principes dans la structure de la scolarité obligatoire . Avec leur texte, les syndicats souhaitent que le canton prenne en charge les missions d’enseignement, tandis que les communes seraient uniquement responsables des missions liées la proximité et à la logistique des écoles de la scolarité obligatoire. Le texte demande aussi que l’ensemble des écoles des cycles 1,2 et 3 (soit le degré primaire et le degré secondaire I) d’un cercle scolaire régional soient regroupées et placées sous une direction unique chapeautée par le Département. Pour les auteurs de l’initiative, le canton de Neuchâtel est le seul canton ou des prérogatives pédagogiques ont été cédées aux régions. «Il y a actuellement une école à 7 vitesses, ce qui n’est pas acceptable», expliquent-ils.
La centralisation en question
Plusieurs exemples illustrent les problèmes rencontrés sur le terrain. Les initiants relèvent que le niveau de soutien pédagogique pour les élèves en difficulté varie beaucoup en fonction d’où ils habitent, tout comme la taille des groupes, parfois équivalents à une classe ordinaire. De plus, ce soutien n’existe pas dans tous les cercles scolaires. Ils relèvent encore que certains d’entre eux ouvrent une classe supplémentaire à leur frais, sans l’annoncer au Département, qu’ils mettent sur pied des classes de 30 élèves ou qu’ils imposent des classes à niveau à des enseignants qui ne sont pas motivés à gérer ce défi. Pour finir, chaque cercle scolaire a son système informatique et les enseignants doivent parfois jongler entre 4-5 plateformes officielles.
Lors de sa dernière réunion, le comité cantonal du POP neuchâtelois a reçu les représentants du SSP, du SAEN et de la FAPEN. Le débat d’un bon niveau a mis tous les participantes et participants d’accord sur le fait qu’il fallait résoudre les inégalités de traitement. Chaque élève doit être traité de manière équitable et bénéficier des mêmes chances, où qu’il habite.
En revanche, tous les popistes n’étaient pas convaincus de la nécessité de centraliser le pouvoir dans les mains de l’Etat. Constatant la politique d’économie conduite par l’actuel Conseil d’État, certains craignent en effet que la centralisation produise des effets négatifs sur l’enseignement.
De leur côté, les initiants soulignent le fait que «la régionalisation a coûté cher, très cher même. En 2011, lorsqu’elle a été votée par le parlement, le Conseil d’Etat promettait une opération neutre financièrement. Or, il n’en est rien. (…) Dès la première année, elle a engendré des surcoûts considérables», expliquent-ils. D’après leurs chiffres, il apparaît qu’entre 2011 et 2014, la nouvelle structure a entraîné une augmentation de 15,2% des dépenses, qui se situent aujourd’hui à 42 millions. A cela s’ajoute le fait que les députés imposent des coupes budgétaires qui n’épargnent pas l’éducation. De quoi nourrir les craintes popistes d’une cantonalisation accrue.
A l’issue des discussions, l’unanimité a été trouvée quant à la nécessité d’ouvrir un large débat public sur cet important sujet de société. Dans cette idée, le POP a décidé de soutenir l’initiative, tout en réservant sa position finale. Le débat provoquera certainement des choix sur lesquels il pourra se déterminer en toute conscience